Puppylove
Abordant sans détour l’éveil à soi et à la sexualité à travers le portrait d’une adolescente, PUPPYLOVE de Delphine Lehericey séduit tant par son sujet que par son énergie. Drôle, juste et sensible, le film plonge le spectateur dans les années 1990 habilement colorées notamment au travers de la bande-originale signée Sold Out qui fait corps à l’ensemble.
Déchirée entre l’enfance et l’adolescence, Diane (Solène Rigot) se cherche. Entre son petit frère Marc (Vadim Goldberg) et son père célibataire (Vincent Perez), il ne lui est pas évident de s’ouvrir à elle-même et ce d’autant moins que le parfum de la sexualité pointe à l’horizon. L’arrivée d’une nouvelle voisine, Julia (Audrey Bastien), va proprement la bouleverser mais aussi lui servir de tremplin.
D’entrée de jeu, la réalisatrice parvient à transcender l’émoi adolescent et à rendre palpable les questionnements qui peuvent en rythmer le quotidien. Elle appréhende avec justesse la transition d’une jeune fille qui devient « sexuée ». Elle met en scène avec sensibilité et réalisme, le trouble qui habite Diane décidée à faire l’amour avec un garçon de son âge franchement timoré, interloquée par les images cryptées des films pornos diffusés sur la quatrième chaine ou encore désireuse de savoir si son père la trouve « bonne ». Un sujet délicat, d’autant plus fort qu’il est appréhendé sans crainte des tabous ni de la bienséance.
Delphine Lehericey construit habilement son scénario, esquissant avec acuité le désarroi et le caractère de Diane avant de l’emporter, au travers de l’arrivée du personnage de Julia, dans une rencontre avec elle-même. Afin d’y conduire, plusieurs mouvements narratifs se répondent et se complètent au fil d’un parcours à la fois commun et singulier.
Si dès l’écriture la réalisatrice trouve la juste distance, semblant se (re)plonger pleinement dans l’adolescence, elle confère au film une tonalité et une couleur qui subliment proprement la vitalité des protagonistes. Son approche et sa mise en scène font corps avec l’effervescence de Diane, semblant se moduler selon son désarroi ou son agitation, et s’en voulant constamment les témoins. Si certaines scènes sont moins adroites que d’autres, l’habilité de Delphine Lehericey à diriger ses comédiens s’impose tant elle en capte la pulsion et l’émotivité. Plus encore à la découverte de PUPPYLOVE l’impression d’assister à l’éveil de la réalisatrice – comme en écho à celui de sa protagoniste – s’impose.
PUPPY LOVE
♥♥(♥)
Réalisation : Delphine Lehericey
Belgique / France / Suisse – 2013 – XX min
Distribution : Entre Chien et Loup
Comédie dramatique
FIFF 2013 – Compétition Emile Cantillon
Be Film Festival 2013