Critique : Mr. Turner
Au travers de MR. TURNER, Mike Leigh esquisse le portrait du peintre durant les dernière années de sa vie. Il s’intéresse au caractère de l’homme et au travail de l’artiste en pénétrant sa phère intime avec une pudeur telle que son approche est des plus distanciée. Malgré sa longueur et son académisme léché, le film, qui est des plus elliptique, s’avère inégal. Toutefois, dans le rôle titre, Timothy Spall est extraordinaire.
Mike Leigh se pose en spectateur des agissements de Turner afin de rendre compte de sa volonté de ressentir l’émotion qu’il tient à transposer dans son oeuvre. Aussi il nous confronte proprement à une série de tableaux cinématographiques. Le caractère elliptique du scénario trouve-t-il ici son sens que l’artificialité de l’écriture et les intentions du réalisateur sont des plus palpables. Les (rares) visites de Turner chez les prostituées comme ses expéditions sont autant de révélateurs que le réalisateur tient à « représenter ».
Si les personnages secondaires lui permettent d’aborder la réalité de l’époque, Mike Leigh ne s’y intéresse que superficiellement – si bien que nombreux sont les éléments inintelligibles. Plus encore, il s’attarde de manière épisodique sur l’entourage du peintre, sans jamais développer cet axe – qui devient dès lors superflu.
La distance que semble s’imposer Leigh se retrouve dans une mise en scène presque frontale du protagoniste. Son approche esthétique est des plus classique jusqu’au recours à une musique qui n’est que pur habillage (et dès lors irritante). Toutefois, la richesse – très constrastante – de certains plans tient du sublime, le réalisateur parvenant à confondre « oeuvres picturales » et mise en scène.
MR. TURNER
♥
Réalisation : Mike Leigh
Royaume-Uni – 2014 – 159 min
Distribution : e-One
Biopic
Cannes 2014 – Compétition Officielle
Mise en ligne initiale le 20/05/2014