Critique : Au nom du fils
Enième opus de Vincent Lanno, AU NOM DU FILS condense les défauts de la filmographie du cinéaste. Si l’idée de base est savoureuse, le développement qu’il en fait est tout bonnement chancelant et s’épuise inexorablement.
L’ouverture du film est pourtant délicieuse. Une séquence en vidéo dessine les contours humoristiques et irrévérencieux de AU NOM DU FILS. Deux prêtres y appellent les fidèles à faire preuve de générosité en accueillant notamment chez eux un homme d’Eglise, en le logeant, en le nourrissant et en le blanchissant. Le ton est donné.
La scène qui suit présente l’accueil d’un prêtre – le plus jeune de la vidéo – par une famille. L’approche est alors hyper-stylisée et semble renvoyer à l’esthétique travaillée et artificielle de DESPERATE HOUSWIFES. Vincent Lanno y use de nombreux travellings et caricature à dessein un petit univers bigot.
Mère de deux garçons et épouse attentionnée, Elisabeth de la Baie (Astrid Whettnall), grenouille de bénitier dévouée, anime une émission sur les ondes de la radio paroissiale. Assistée par le prêtre qu’elle héberge, elle répand un discours tellement calotin qu’il en devient amusant. Mais si les situations sont tantôt taquines et souvent drôles, la mise en scène perd déjà tout son lustre. Certes les effets de travelling son toujours là, mais ils composent un banal champs/contre-champs dans lequel le réalisateur abuse de changements de focale. L’approche esthétique ne cesse ensuite de se redéfinir de séquence en séquence, comme s’il n’y en avait in fine aucune.
L’écriture se module elle-aussi et manque cruellement de style. Sommes-nous face à un pastiche ou un film de série B (voire Z) ? Vincent Lanno ne semble pas assumer un style qu’il esquisse pourtant. L’idée est là, la ligne narrative aussi, mais le scénario manque de cohérence (tant il touche à tout et voyage de genre en genre – comme dès lors la réalisation) et s’avère cruellement superficiel – sans que cette superficialité ne soit motrice.
Le film ressemble rapidement à une addition de scènes comme autant de sketchs reliés entre eux par un montage qui parodie les saintes-écritures. Les protagonistes évoluent sans que leur psychologie ne semble importer. Au coeur de ce dédale pourtant cousu de fil blanc, Astrid Whettnall insuffle toutefois une incroyable force au personnage qu’elle incarne. Une interprétation qui vaut le détour.
AU NOM DU FILS
♥
Réalisation : Vincent Lanno
Belgique – 2012 – 100 min
Distribution : Independant Film
Comédie
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