Aloft
Ballottant le spectateur entre deux espaces temps dont les bribes narratives se mettent en lumière, Claudia Llosa conçoit un poème visuel et musical des plus pathétique. Pure oeuvre d’esthétisation qui s’embourbe dans la sinuosité d’un scénario affecté, ALOFT agace à mesure que ses protagonistes sont accablés. Ereintant.
Mère de deux garçons dont le plus jeune est atteint d’une maladie incurable, Nana l’emmène rencontrer un guérisseur. Ivan, l’aîné des ses enfants, les accompagne. Resté à distance, il lâche son faucon qui ruine détruit « le temple de guérison » et la rend la séance impossible. En tentant de protéger l’enfant que le guérisseur s’apprêtait à soigner, Nana a révélé son propre pouvoir de guérison qui malheureusement n’est d’aucune aide sur son propre fils. Des années plus tard, une journaliste rencontre Ivan dans le but de la retrouver et l’homme la suit.
La trame narrative met en parallèle deux temporalités et des parcours plus psychologisant que psychologiques qui se rencontrent et se nourrissent à coups de louches monstratives. S’agit-il de découvrir les personnages à travers leurs questionnements que ceux-ci s’avèrent à la fois bien obscurs et d’une limpidité frôlant le ridicule – l’avantage de la chute du film étant de mettre à plat (c’est le cas de le dire) les enjeux appréhendés. Instrumentalisant ses protagonistes et faisant fi de toute cohérence, Claudia Llosa construit un voyage démonstratif où les éléments et les situations se répondent avec une balourdise irritante.
Alors qu’elle accorde un soin particulier à la photographie du film, celle-ci n’exprime rien. Sa caméra mobile et presque aérienne impressionne les instants, les fragmente ou les sublime sans conduire le spectateur à la moindre sensation – ce qui est d’autant plus horripilant que la lumière est majestueuse. Tente-t-elle d’insuffler une dimension tragique à travers l’orchestration musicale – incessante – qu’elle s’enlise incommensurablement. Alors que les Jennifer Connelly et Cillian Murphy s’investissent pleinement dans leur rôles, la réalisatrice n’en transcende jamais l’émoi : ils deviennent proprement des images de représentation et c’en est désolant.
ALOFT
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Réalisation : Claudia Llosa
Espagne / Canada / France – 2014 – 112 min
Distribution : /
Drame
Berlinale 2014 – Compétition Officielle